La Guerre des Gaules par Vincent Pompetti et Tarek


Notre approche narrative pour réaliser ces deux tomes se basait sur notre envie de réaliser une sorte de « docu-fiction » à partir des Commentaires de Jules César. Nous souhaitions également croiser les deux tomes : le premier avec le consul écrivant ses textes en pleine campagne, restituant non seulement son témoignage mais surtout son rapport à Rome, et d'extrapoler sa pensée, par exemple avec ce dialogue qui lui fait dire « que ses véritables ennemis ne sont pas en Gaule mais au sénat ». A cela se mêle des récits et des textes issus des Commentaire, ou encore des détails comme la citation des deux officiers Titus Pullo et Vorenus. Le second volume s’attarde plus sur le point de vue des « Gaulois » et met plus en lumière Vercingétorix.

Quant à la fiction qui est présente dans notre histoire, elle permet d’introduire le point de vue gaulois/celte, restitué par les dernières recherches et hypothèses archéologiques de ces dernières décennies, depuis les livres de Jean-Louis Brunaux ou Yann Le Bohec jusqu'aux troupes de reconstitution comme les Mediomatrici, Via Romana, Leg 8 Augusta, Ambiani, et des livres parlant d'archéologie expérimentale comme Vie d'un guerrier gaulois de Ludovic Moignet et Yann Kervran. Dans ce point de vue gaulois, il faut ajouter la manière dont les historiens eux-mêmes en parlaient, avec toute la prudence nécessaire concernant les fragments de Tite-Live ou les dires de Dion Cassius.

Toujours est-il que notre parti pris sur les Gaulois a été de faire porter sur les épaules de Vercingétorix la synthèse du monde celte multi-ethnique : sa division, ses intérêts particuliers, ses alliances aussi bien avec les Romains qu'entre les différentes factions et surtout l’hypothèse sérieuse selon laquelle Vercingétorix était un jeune officier proche de César au début de la guerre pour rejoindre, par un jeu géopolitique complexe, une coalition contre le même César. Cette idée symbolisant l'attitude compliquée du monde celte vis à vis de Rome, entre mercenariat, commerce et révolte.


Nous avons choisi un déroulement narratif assez classique et linéaire pour faire ressortir le plus naturellement possible la comparaison entre les luttes géopolitiques de l'époque et celles d'aujourd'hui, la logique de César et celle des dirigeants de tout temps. Du point de vue graphique, la série des livres Osprey et les livres illustrés, en particulier par Peter Connolly et Angus McBride, a été la base de la documentation, parfaite pour les reportages photographiques des nombreuses troupes de reconstitution que nous avons pu rencontrer par la suite.
Concernant la partie proprement fictive, des personnages ont été inventés, afin de lier l'Histoire avec un récit d'espionnage, autour duquel s’articulent les batailles, les décisions des protagonistes et les différents événements. A cet égard, Marc-Antoine apparaît dans ses passages fictifs pour permettre aux lecteurs de rentrer dans le récit… Il disparaît par la suite.

Nous avons introduit une espionne gauloise qui, par vengeance, semble servir Rome au début, avant de revenir à des réalités plus proches des peuples autochtones et de Vercingétorix. Nous voyons ainsi l'alliance progresser d'années en années, accentuée par la présence d'un druide carnute militant, proche de ce que César peut décrire tout en ayant un développement de personnage de fiction.

Les batailles sont présentées de façon sélective afin de proposer une approche psychologique plus, pertinente à même de servir le récit sans le dénaturer, en suggérant les tensions internes entre le moral des troupes romaines et les divers adversaires. Le sénat de Rome nous sert de aussi à restituer le conflit entre les partisans de César et les sénateurs inquiets de son emprise grandissante, à travers des personnages historiques (Caton, Cicéron) et de fiction, comme des espions rapportant des messages à la nièce du proconsul.



Nous avons enfin voulu rendre vivante cette période déformée par une culture populaire très incorrecte, sans faire de didactisme ou chercher une perfection historique difficile, mais plutôt à suggérer ce à quoi pouvait ressembler les équipements, vêtements, habitations, mœurs, coutumes, mentalité, en mettant à mal les mauvais clichés par comparaison. Par exemple, avec les cottes de mailles, les casques celtes en bronze utilisé par les Romains, les sacrifices et rituels, l'habileté de la métallurgie gauloise, la construction des oppidums et la similitude entre les deux mondes, qui se sont toujours influencés l'un l'autre, avec parfois l'utilisation de tactiques identiques, comme le suggère un Vercingétorix utilisant les techniques de César....




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